Sérendipité est un emprunt à l'anglais serendipity, mot créé en 1754 par l'écrivain britannique Horace Walpole. Il s'inspire du conte persan Les Trois Princes de Serendip (publié en 1557 à Venise par Cristoforo Armeno), où les héros font des découvertes heureuses et inattendues grâce à leur sagacité.
Serendip est l'ancien nom persan de l'île de Ceylan, aujourd'hui le Sri Lanka. Ce nom dérive du sanskrit Simhaladvipa (« l'île des lions »), et a été transformé en Sarandib en arabe.
Horace Walpole forge le terme dans une lettre à son ami Horace Mann, expliquant qu'il avait trouvé « par accident et sagacité » des informations, à l'image des princes du conte.
Le mot reste longtemps marginal, utilisé dans des cercles érudits, avant de s'étendre à la littérature policière et scientifique au XIXe et XXe siècles. Il devient un concept clé pour décrire la découverte inattendue, notamment dans la recherche scientifique (ex. : découverte de la pénicilline par Fleming).
La notion de sérendipité est aussi rapprochée du roman policier, où l'interprétation judicieuse d'indices inattendus est centrale, et a influencé des auteurs comme Poe, Conan Doyle ou Voltaire (dans Zadig).
Le conte Les Trois Princes de Serendip relate les aventures de trois princes qui, grâce à leur intelligence et à leur capacité d'observation, résolvent des énigmes et font des découvertes inattendues lors de leur voyage.
Ce récit, d'origine persane, a été traduit et adapté en Europe dès le XVIIIe siècle, influençant la littérature occidentale par son motif de la découverte fortuite et de la sagacité.
Définition : La sérendipité désigne le fait de faire par hasard une découverte inattendue, souvent fructueuse, alors qu'on cherchait autre chose. Elle implique à la fois le hasard et la sagacité, c'est-à-dire la capacité à reconnaître l'importance d'une trouvaille imprévue.
Synonymes : fortuité, heureux hasard
Antonyme : zemblanité (découverte malheureuse ou attendue)
Le terme « sérendipité » apparaît en français dans les années 1980, d'abord dans des contextes scientifiques, puis dans la littérature et la philosophie de l'innovation.
La littérature française s'est emparée du concept pour explorer la créativité, l'abduction (raisonnement par hypothèse) et l'art de prêter attention à l'inattendu.
L'épisode de la madeleine est souvent cité comme exemple de sérendipité littéraire. Le narrateur, en goûtant une madeleine trempée dans du thé, voit ressurgir un souvenir d'enfance oublié, déclenchant une cascade de réminiscences qui fondent l'écriture du roman.
Chez Proust, la découverte du sens profond de la vie et de l'art naît souvent d'événements fortuits, de sensations inattendues qui révèlent la richesse du passé et la possibilité de transcender le temps.
Cette phrase illustre l'esprit de la sérendipité : la capacité à voir l'extraordinaire dans l'ordinaire, à accueillir l'inattendu comme source de création.
Aspect | Détail |
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Origine étymologique | Mot créé par Horace Walpole (1754), inspiré du conte persan et de l'île de Serendip |
Histoire littéraire britannique | Utilisé d'abord dans la correspondance, puis en littérature policière et scientifique |
Origines orientales | Conte persan, aventures des princes de Serendip (Sri Lanka) |
Sens complet | Découverte heureuse et inattendue, alliant hasard et sagacité |
Littérature française | Concept diffusé dans la critique, la philosophie, la création littéraire |
Proust et la sérendipité | Mémoire involontaire, madeleine, création par l'inattendu |
La sérendipité, née d'un conte oriental et popularisée par la littérature britannique, est aujourd'hui un concept clé pour penser la découverte, la créativité et l'art d'accueillir l'inattendu, tant dans la science que dans la littérature, notamment chez Marcel Proust où l'imprévu devient source de révélation et d'écriture.